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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/25

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La phrase alerte, châtiée, si française, ajoute à ces lettres un élément de finesse et de distinction ravissantes. Je rencontre des contrastes inattendus et délicieux : par exemple, cet ancêtre, « honorable ministre, » qui de ses bureaux au parlement, indique par le détail, à ses fils, comment ensemencer ses différentes pièces de terre et qui gronde parce que certains de ses conseils précédents ont été négligés. Puis le ton badin réparait, petite chronique de la ville, entrevue avec le gouverneur, remarques piquantes sur la morgue du personnage, et dernières recommandations pour diriger de loin les travaux de la ferme !

Naturellement, les lettres de femmes sont encore plus évocatrices d’un passé que nous devrions apprendre à connaître, tant pour l’admirer que pour en retirer des leçons utiles

Ne vous imaginez pas que ces mères de nombreux enfants, ces maîtresses de maisons hospitalières, ouvertes aux parentes pauvres et aux amis sans famille, nous apparaissent accablées de soucis et de responsabilités ! Elles sont enjouées, spirituelles, au courant de la politique, confidentes de leurs maris et de leurs frères, délicieusement ironiques quand elles critiquent les Anglais ou les taquinent. Tout cela ne les empêche pas d’être très femmes, gentiment sentimentales et curieuses de la mode : elles se renseignent auprès des citadines complaisantes dont les révélations sont des plus amusantes.