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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/31

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chaîne qui s’allonge. Mon histoire personnelle influera sur toute ma lignée, rien de ce que j’ajoute à la série ne sera perdu. Dans le présent, je travaille pour la beauté morale ou le bonheur futur de ma famille et de mon pays… mais je travaille aussi peut-être pour sa déchéance et son malheur ?

Il est évident alors que si je modifie en mieux ma nature, si peu que ce soit, il sortira de mes efforts du bien qui vivra après moi, et toutes les fois, au contraire, que je déchois, je sème des difficultés et des misères pour les miens.

Quand nous serons pénétrés de cette vérité, nous n’oserons plus parler de notre vie monotone, du temps perdu à d’humbles tâches, d’actions insignifiantes… Il ne devrait pas y en avoir, en réalité il n’y en a pas, puisque en chacun de nos actes il y a des germes de vie ou de mort que nous semons dans le moment présent et qui lèveront, tôt ou tard, mais infailliblement.

Voilà de quoi chasser l’ennui de toutes les vies. Ce qui cause l’ennui, c’est la sensation d’isolement… regardons en arrière, regardons en avant et nous ne nous sentirons plus seuls et tout ce que nous ferons offrira le plus grand intérêt. Nous agirons avec intelligence, parce que tout est important, avec ardeur, parce que notre action vivra toujours, et surtout, nous nous défendrons de la tristesse.

La tristesse est déprimante et nous avons