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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/34

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éduquer, mais sans lumières, sans cette patience fine, douce et ferme qui devine, qui corrige en ménageant, suggestionne plus qu’elle ne corrige et enseigne plus qu’elle ne commande. Et combien d’autres qui, par tendresse mal entendue et sensiblerie, gâtent leurs enfants ! Se rendent-ils compte de l’égoïsme que recouvre leur bonté courte et oublieuse de l’intérêt de l’enfant ? Par leur faiblesse ils s’épargnent eux-mêmes ; c’est leur tendresse trop sensible et trop molle qu’ils ménagent, et l’enfant choyé paiera bien cher probablement la coupable lâcheté de ses parents.

D’autres encore pensent que les enfants doivent être traités comme des grandes personnes raisonnables et ils leur demandent, inflexiblement, des vertus qu’ils savent mieux exiger que pratiquer…

Et voilà pourquoi, en haut, en bas, dans les familles, dans les maisons d’éducation, il y a tant de cœurs de petites filles que Dieu fit exquis, mais dont les qualités ignorées ou écrasées sont réduites à l’inaction, pendant que germent en ces cœurs négligés la sécheresse, l’égoïsme, l’orgueil, le mensonge, tous les vices que développent la mauvaise éducation, la fausse éducation et l’absence d’éducation.

J’entendis hier quelque chose de délicieux. Il avait neigé dans la nuit, mais le froid était grand. En sortant de la maison avec sa maman, Jeannine fut ravie de