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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/39

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entre eux était impossible, comme si de savoir qu’un amour est déraisonnable et n’apportera que de la souffrance, pouvait empêcher d’aimer !


XIII

Perdu dans la Neige


Les dernières tempêtes m’ont rappelé une histoire de tempête de neige dont j’ai connu le héros, un petit homme de onze ans, dont le père était bûcheron dans les montagnes du Nord, près de Val-Morin, et passait dans la forêt une partie de l’hiver. Il partait le lundi avec des provisions pour la semaine et il revenait le samedi. Il « faisait du bois » à trois ou quatre milles dans la montagne. Un lundi, il prévint sa femme qu’il terminerait son travail afin de revenir définitivement et il lui demanda de lui faire parvenir de nouvelles provisions à la fin de la semaine.

Jean rêvait depuis longtemps d’accompagner son père au bois, mais il eût fallu pour cela manquer l’école, et ça, M. le curé l’interdisait sévèrement, et la maîtresse ne plaisantait pas sur l’exactitude !

Entendant les projets de son père, il eut vite combiné une excursion qui ne lui ferait pas perdre une heure de classe et il décida facilement sa mère de profiter du congé du samedi pour l’envoyer porter les provisions :