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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/59

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faisaient bien d’autres en Irlande où ils étaient chez eux et en nombre ! Ceux qui s’amusaient à nous jouer des tours étaient ceux qui l’avaient suivie et ils avaient moins de malice dans le Canada si froid !

Après notre bain, une des caresses de Kate était de baiser nos petits pieds : des pieds comme ceux des fées de chez elle, disait-elle, si légers, qu’ils marchaient sur les fleurs sans les froisser, et si rapides, qu’en un clin d’œil, ils amenaient les fées vers les amis qui les appelaient. Quand la fièvre brûlait les malades, les fées, vêtues de brouillards, leur apportaient à boire une eau plus froide que celle qui coule sous la glace de l’Yamaska.

Nous écoutions les yeux humides et le cœur serré le récit des misères de là-bas, dans ces pauvres cabanes où le ciel regardait par les trous des toits, où le cochon et la vache habitaient presque la maison, tant la cloison entre l’étable et la cuisine était disjointe.

Les « Landlords » étaient devenus pour nous aussi méchants que des diables, et l’une de nos injures choisies, quand nous nous querellions c’était : « You, cruel English landlord ! »

Elle était jolie, Kate, avec un sourire dont le rayonnement donnait de la chaleur. Elle parlait de Dieu en l’appelant « Our dear Lord » et en inclinant la tête : elle Le mêlait si bien à notre vie, le remerciant pour un