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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/81

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nous-mêmes, nous nous transformons et Dieu, à son tour, refusera peut-être de nous reconnaître…

Et le monde est rempli d’êtres qui sont animés d’une singulière défiance les uns contre les autres, qui vivent sournoisement sur la défensive et comme s’ils n’étaient ni bons ni sensibles ni aimants ; ils sont malheureux et ils se plaignent de n’être pas aimés !


XXVII

Temps Perdu



« Perdu, hier, entre le lever et le coucher du soleil, deux heures d’or enchâssées chacune dans soixante minutes en diamant. On n’offre pas de récompense, car une fois perdues, on ne les retrouve plus. »

Je voudrais que cette phrase, joliment enluminée sur un carton, fût glissée dans le cadre des miroirs des jeunes filles à côté du tally, du programme de bal, des photographies qui agitent leurs petits souvenirs devant les yeux de la paresseuse qui bâille, en se coiffant, entre dix et onze heures du matin. Deux heures perdues ! Ce serait peu… ce sont des heures et des jours et des mois qui sont perdus, et la difficulté serait de trouver deux heures utiles chaque jour dans ces vies frivoles où la prudence la plus humaine n’est pas observée ?