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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/90

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plus de beauté et de bonté. Si vous vivez des heures tristes, vous me répondrez peut-être que nous avons la même puissance pour créer les pensées troublantes et les impressions malfaisantes ! Je ne crois pas, cependant, que le mal se produise avec la même facilité que le bien : il n’est pas si fort, il passe, il ne s’implante nulle part pour toujours, — aucune âme n’étant exclue du pardon et de la régénération, — tandis que la plus légère semence de bien, parce qu’elle est divine, germe obscurément et finit par s’épanouir dans les cœurs où l’on n’osait plus l’attendre. Voilà le secret des générosités, des dévouements imprévus qui ont jailli après avoir été longtemps invisibles et insoupçonnés. Cette certitude du bien qui ne se perd jamais rend la vie attachante et meilleure, elle nous fait plus indulgents pour les autres, plus patients avec nous-mêmes, car parfois nous nous traitons durement.


XXX

Découragement


Il faut quelquefois beaucoup de volonté et un grand courage pour accomplir toutes les tâches qui sont la trame d’une journée ordinaire, et qui, habituellement monotones et insipides, deviennent odieuses quand elles nous arrachent à la pensée qui voudrait nous absorber. Ranger du linge, repriser des bas,