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Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/122

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sou dans le pays, mais le gouvernement a étendu son patronage, a eu des places à donner, des affamés à repaître ; tout a donc été au mieux, à l’exception seulement de la prospérité publique, mais qu’est-ce que cela ?

Nous avons donc, Messieurs, à notre portée, de puissants moyens de prospérité intérieure, mais le régime colonial n’inspirant pas assez de confiance aux capitalistes Anglais, ces moyens de prospérité, ces sources de richesses restent inexploitées : et je ne vois pas en réalité sur quoi l’on pourrait se fonder pour prétendre que, malgré le régime colonial, elles vont l’être bientôt.

Avec l’annexion, au contraire, il y a quasi certitude que les forces motrices de nos rivières vont être de suite utilisées, parce qu’on pourra les acquérir à des prix comparativement très modérés ; parce que les premiers venus surtout auront la certitude de réaliser de grands bénéfices ; parce que le Canada est un pays arriéré, où presque rien n’a encore été fait, et où conséquemment il y a beaucoup à faire ; enfin et surtout parce que personne ne craindra l’avenir ; parce que le pays sera, si je puis m’exprimer ainsi, définitivement casé, et que l’annexion sera, pour lui, la fin de cet état purement transitoire dans lequel il se débat aujourd’hui, et qui seul empêche les capitaux étrangers d’y affluer.

Par exemple, nous avons dans le voisinage immédiat de cette ville une puissance motrice indéfinie, que des milliers de machines à vapeur n’égaleraient pas. Qu’en faisons-nous ? Rien. C’est un Américain qui est venu nous prouver que nous avions là un immense trésor.

C’est un Américain qui, le premier, l’a exploité.

Si nous avions été incorporés aux États-Unis en 1815, ne croyez-vous pas qu’aujourd’hui Montréal serait une ville essentiellement manufacturière, plus peut-être qu’aucune autre ville de l’Amérique ? Les capitalistes du Massachusetts, du Connecticut, du Rhode-Island, auraient-ils tous préféré leurs petits cours d’eau à l’immense fleuve qui passe devant cette ville ? Cela n’est pas possible. Aujourd’hui surtout que Montréal est devenu le centre d’un district agricole populeux et étendu ; aujourd’hui que Montréal renferme une population de 50,000 âmes, et qu’on peut conséquemment s’y procurer la main d’œuvre à bas prix, il n’y pas de doute que si