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Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/125

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Si l’annexion aux États-Unis avait lieu, il n’y a pas de doute que beaucoup de cultivateurs Américains viendraient, s’établir en Canada. Le nombre des acheteurs augmenterait donc, et nécessairement aussi la valeur des propriétés du pays, en général.

Maintenant y a-t-il quelqu’un qui oserait soutenir la proposition suivante : « Il vaut mieux, pour les Canadiens Français, vendre leurs terres à d’autres Canadiens Français à 25 pour 100 de perte, qu’à des Américains, pour leur valeur entière ? » Je ne le crois pas car autant vaudrait dire : « Il vaut mieux qu’un Canadien possède £300 que 400. »

Or la propriété devant augmenter, après l’annexion, non seulement en raison du plus grand nombre d’acheteurs, mais aussi en raison de la disparition des entraves commerciales actuelles et du développement de l’industrie locale, il est certain qu’après l’annexion la propriété foncière sera plus facilement réalisable qu’elle ne l’est aujourd’hui, tout en acquérant une valeur beaucoup plus uniforme et plus stable. Celui qui voudra vendre sera donc alors exposé à moins de sacrifices qu’on ne l’est aujourd’hui. Il y aura donc amélioration dans la situation du cultivateur Canadien et non pas danger ; car, pour un propriétaire, ou pour tous les propriétaires d’un pays, ce n’est pas dans la vente à tel ou tel qu’est le danger ; il n’existe au contraire que dans la dépréciation des biens fonds, résultant de la stagnation des affaires.

L’opinion que la vente des biens fonds Canadiens à des Américains sera un malheur pour les Canadiens Français est donc une palpable absurdité.

— Mais les Canadiens disparaîtront du sol…

— Pas plus que les Écossais du sol de l’Écosse, malgré la conquête et malgré plus de 70 ans de tyrannie et de vexations de toute espèce : pas plus que les Français du sol de la Louisiane, quoiqu’ils fussent, quant au nombre, un noyau de population insignifiant, relativement aux 650,000 Canadiens-Français du Bas-Canada.

Que l’annexion puisse avoir pour résultat des déplacements individuels, je ne le nie pas : mais quant à un déplacement de population, même d’aucune portion notable de population, voilà ce qui est impossible.