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Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/186

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sorte ! Un peu de désintéressement, un peu d’esprit public, un peu de fermeté, un peu de sentiment d’honneur national, un peu de compréhension de la position, des besoins et des destinées du pays, et nous étions maîtres de la situation !  !

Rien de tout cela n’a été compris par ces hommes qui ont l’air de n’être NOS CHEFS qu’à la condition d’être en queue et non d’être en tête !  !

Rien de tout cela n’a été senti par ces momies du passé, ces restes d’une autre époque et d’un autre système, ce vénérable assemblage d’antiquailles à précédents anglais !  !

Ces hommes avaient un grand et noble rôle à jouer !

Il était en leur pouvoir de hâter le jour où l’indépendance luira enfin sur leur pays ; mais ils ont trouvé bien plus beau de se faire les Cebères du régime colonial ; de mordre niaisement tous ceux qui découvraient quelque chose au-delà de leur petit empire intellectuel !  !

Ils appartenaient à cette catégorie d’esprits qui vous croient perdu, si vous dépassez leur frontière.

Messieurs, je ne crois pas que le pays ait été démoralisé par ces hommes et leur système, au point de repousser aujourd’hui en majorité, ce qu’il réclamait à l’unanimité il y a douze ans. Le peuple n’a pas pu changer ainsi du tout au tout ! L’ambition, les prétentions personnelles ne montent pas jusqu’à lui !

La corruption administrative ne saurait l’atteindre.

Il ne peut pas avoir oublié son ancien mot d’ordre : « droits égaux, justice égale. » Les individus peuvent changer, mais les masses n’ont jamais d’intérêt à trouver mauvais aujourd’hui ce qu’elles savaient être utile et juste hier.

D’ailleurs, si on a réussi à faire croire à bien des gens que nous jouissions d’institutions aussi libres que celles des États-Unis, il n’est pas possible de persuader aussi facilement à un pays comparativement pauvre et sans industrie qu’il n’a rien à envier à un pays quatre fois plus riche.

« On persuade bien à un sot qu’il est homme d’esprit, et cela d’autant plus aisément qu’il est plus sot ; mais on ne persuade pas de même à un pauvre qu’il ne manque de rien. » (De Lamennais.)

Or, Messieurs, il est un fait que tout le monde voit, que tout le monde sent, qui domine tous les autres faits ; un fait