Aller au contenu

Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

En Europe, Messieurs, et en Europe seulement, je vois trois hommes, soutenus par quelques centaines de privilégiés, détendre leurs bras en avant pour faire rétrograder les générations.

Trois hommes y luttent encore, au moyen des proscriptions, des cachots, de l’exil, de l’échafaud, des meurtres juridiques, des trahisons achetées, de la séquestration intellectuelle, de l’ignorance imposée aux masses, des excommunications, des anathèmes, contre le principe fondamental, nécessaire, indéniable de toute organisation sociale régulière.

Ces trois hommes, vous les connaissez comme moi. C’est Sa Majesté, l’empereur d’Autriche, l’infâme bourreau de la Hongrie et de l’Italie ! C’est Sa Majesté le czar de toutes les Russies, l’infâme bourreau de la Hongrie, de la Pologne et de la Circassie ! C’est enfin leur ami et allié, le roi de Rome, le chef visible du catholicisme.

Voilà, Messieurs, les seuls représentants importants du despotisme dans le monde civilisé ! Voilà la glorieuse alliance que la hiérarchie Italienne a ménagée au père commun des fidèles ! Voilà le sort qu’elle lui a fait ! Voilà le résultat de la victoire remportée sur l’Évangile et sur le christianisme démocratique des premiers siècles, par la sacristie et le capuchon inquisitorial.

Ces trois hommes ne se sont maintenus politiquement jusqu’à notre époque qu’en proscrivant la presse, qu’en dégradant le sentiment national, qu’en éteignant chez les masses humaines qu’ils oppriment, le flambeau de l’intelligence ; qu’en les séquestrant sévèrement de tout contact moral avec les autres peuples. Ils se sont faits, chacun dans les limites de leurs états respectifs les geôliers de la civilisation !

Plusieurs d’entre vous, Messieurs, ne savent peut-être pas qu’avant la dernière révolution romaine, pas un journal français ne pouvait franchir la frontière papale. J’ai connu un voyageur qu’on avait presque maltraité, dans les douanes de Sa Sainteté, parce qu’il avait eu le malheur d’envelopper quelques uns de ses effets de voyage avec le Journal des Débats ; le défenseur et le panégyriste de la monarchie de Louis Philippe ! Un journal monarchiste-constitutionnel, toujours en lutte avec les journaux républicains, était prohibé dans les États Romains, à cause de ses idées trop avancées !