Aller au contenu

Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus que partout ailleurs, une mesure d’urgence. Eh bien, la loi passe dans les deux chambres, mais on la réserve pour la sanction métropolitaine. Les citoyens de Québec ne pouvaient pas même boire d’eau ni éteindre le feu sans l’intervention de Sa Majesté !! Qu’est-il arrivé ? La sanction n’a été donnée que huit mois après la passation de la loi, les actionnaires ont perdu l’intérêt de plus d’une année sur leur capital ; le grand incendie de l’année dernière n’a pu être maîtrisé, faute d’eau ; et tout cela parce que cette malheureuse griffe du bureau colonial est toujours là, prête à tout saisir, à tout raturer, à tout entraver !

Néanmoins on vous affirme que ce pays est le plus libre qui soit au monde et que l’Angleterre ne se mêle en rien de nos affaires locales !!

Y a-t-il jamais eu une seule entreprise industrielle, une seule charte d’incorporation, dont la loi organique n’ait pas été réservée à l’approbation du ministère des colonies ? Les retards inévitables causés par cette inutile et ridicule intervention, ont quelquefois causé des pertes sérieuses, ont détourné des capitaux considérables que leurs possesseurs lançaient dans d’autres voies afin de ne pas les laisser si longtemps inactifs.

Eh ! bien, plus ces faits sont convainquants, plus on nous crie que nous nous gouvernons nous-mêmes et qu’aucune intervention étrangère n’entrave nos efforts.

Pouvons-nous rompre l’Union, modifier le moins du monde le plus insignifiant détail de l’acte d’union, faire une législation tant soit peu efficace, imposer le moindre droit d’entrée sur quoique ce soit sans l’assentiment du bureau colonial ? Non sans doute, et pourtant on nous affirme, avec cet entêtement particulier à la sottise, que le Canada est plus libre que les États-Unis !

Avons-nous le droit de désigner la capitale du pays ? Avons-nous le droit de décider que la législature s’assemblera dans telle ville plutôt que dans telle autre ? Non MM : au gouverneur seul est dévolu ce privilège ! C’est la prérogative de la couronne ! reste de droit divin, reste d’absolutisme, reste de barbarie !

Aussi, Messieurs, le gouverneur nous a enlevé le siège du gouvernement parce que son administration n’avait pas pu,