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Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/39

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ment pensé à réprimer l’expression d’opinions exagérées ; ne vous semble-t-il pas, dis-je, qu’il a fallu être ou bien despote, ou bien servile, ou bien borné pour trouver mauvais que, dans une colonie, on exprimât une simple opinion sur l’éventualité, ou si l’on veut sur la nécessité d’une séparation pacifique et amiable d’avec la métropole ? Ne vous semble-t-il pas qu’il a fallu être parfaitement étranger à toute notion de droit colonial, pour déclarer indignes de la confiance publique ceux qui ont dit ici ce que M. Gladstone, ce que Sir Robert Peel, ce que Lord Brougham, ce que Lord Grey, ce que Lord John Russell ont dit là bas ?

Non Messieurs, il n’y avait pas là, compréhension de ses devoirs, de sa mission, de la situation politique, de la marche ordinaire des événements qui sont le résultat nécessaire d’un besoin social ou d’un mauvais système ? Il n’y avait pas là compréhension des droits des peuples non plus que des droits de l’individu !

Mais d’un autre côté, il n’est nullement étonnant que les ministres qui ont pu s’imaginer, le printemps dernier, que laisser le champ libre à l’émeute c’était » montrer du jugement, » n’aient pas fait preuve du simple bon-sens ordinaire, à la vue du mouvement annexionniste.

Aussi les seules conclusions qu’on puisse tirer de ce reniement de principes, de cet abandon réfléchi de ses convictions passées, (si toutefois on a jamais eu des convictions, ce qui n’est pas sûr) c’est que le système politique actuel est radicalement dangereux et corrupteur ! c’est que l’octroi de ce gouvernement responsable dont un Sydenham a été le père, n’a pas eu d’autre résultat que de dégrader les intelligences et de gangrener les cœurs ! c’est qu’il est pleinement démontré que sous l’ordre de choses actuel on ne peut pas être à la fois ministre et libéral sincère et éclairé ! c’est que ce systême est la négation de la démocratie et que les hommes qui peuvent encore se prêter à le faire fonctionner n’ont pas plus le sentiment de la dignité nationale et celui de l’indépendance individuelle, que celui du respect de soi-même.

À ces hommes, Messieurs, M. Victor Hugo dirait, dans son poétique et admirable langage : « Vous êtes les parasites du libéralisme ! Vous êtes la maladie de la liberté ! »

Mais, nous dit-on, il n’y a pas de précédent à votre de-