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Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/42

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celui qui, sous ce rapport, et par la plus fatale coïncidence, a été le plus maltraité par la providence, c’est sans contredit l’Italie.

Une malheureuse expérience vous prouve que le Canada est lui aussi fortement attaqué de cette plaie sociale ! il voit parmi ses enfants un bien grand nombre de ces esprits négatifs qui se constituent dans le mouvement politique, les arcs-boutants de la réaction !

Tous ces hommes abhorrent l’annexion parce qu’ils sont naturellement ennemis de tout changement quelconque ; parce qu’ils voient des dangers partout et dans tout ce qui ne vient pas d’eux : parce qu’ils se sont toujours laissés dominer par ces pitoyables déclamateurs de collèges qui ne savent voir dans les peuples que des volcans animés toujours en ébullition : parce qu’ils voient clairement qu’un ordre nouveau d’idées générales va surgir d’une pareille transition : parce qu’ils ne peuvent soutenir l’idée de voir le Canada emporté dans l’orbite immense de la constellation américaine : parce qu’ils voient la démocratie s’avancer irrésistiblement avec son cortège ordinaire, l’industrie, le patriotisme, la prospérité générale, le perfectionnement social, la liberté politique, le sentiment de la dignité nationale ou personnelle ; parce qu’enfin ils voient en dernier résultat la destruction des abus dont ils profitent et la mort éternelle de ce système de duperie et d’immoralité qu’on a appelé le gouvernement responsable.

On nous dit qu’il n’y a pas d’exemple d’une séparation pacifique et réciproquement volontaire entre deux peuples dont l’un était soumis à l’autre ! Et pourquoi cela, Messieurs, sinon parce que le droit naturel n’avait jamais été clairement compris ni défini avant les révolutions Américaine et Française ; sinon parce qu’à peine a-t-il commencé, même aujourd’hui, à recevoir la consécration de l’opinion publique ; sinon parce que de tout temps la tyrannie a été intraitable, aveugle, inepte ? Essayez donc de raisonner avec le despotisme : il se réfugie de suite dans le droit divin. Et qu’est-ce que le droit divin tel qu’il est entendu et pratiqué aujourd’hui par les rois absolus de l’Europe ? C’est, en fait, Messieurs, la négation du droit, la négation du libre arbitre, la négation de la morale, la négation de la justice, la négation de la vérité ; c’est donc, en dernière analyse, la négation de Dieu.