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Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/44

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par les autorités ! idée trop vraie et trop nouvelle à ce qu’il paraît pour être comprise ici de tout le monde !

— Mais Lord John Russell a dit en pleine Chambre des Communes, que le cabinet ne pouvait répondre à la demande des annexionnistes que par un refus formel !

— C’est vrai, et cette réponse était parfaitement rationnelle : il ne pouvait pas dire autre chose, car voici l’expression dont il s’est servi : « Quelques personnes ont parlé de séparation. » Or a quelques personnes, le ministère ne peut pas faire autrement que de répondre par un refus, car le Parlement Impérial lui-même ne prendrait sur lui de l’accorder qu’à une majorité du peuple du pays ! Dans un cas semblable, le ministère n’a ni la mission ni le pouvoir de dire oui. Loin de là, son devoir est de dire non, car il est chargé de maintenir l’empire anglais dans le même état qu’il l’a trouvé lors de son avènement au pouvoir. Pourquoi Lord Grey, qui disait, quand il était Lord Howick, « que la connexion du Canada avec l’Angleterre devrait cesser, du moment qu’il y aurait une majorité des membres de la législature coloniale en faveur de la séparation, » pourquoi Lord Grey parait-il aujourd’hui contredire ces paroles ? C’est parce qu’aujourd’hui qu’il est ministre, il ne lui est pas loisible d’agir en tout dans le sens des opinions qu’il a pu émettre avant de l’être. Il a aujourd’hui des devoirs qu’alors il n’avait pas ! D’ailleurs il n’a pas contredit l’opinion qu’il avait émise il y a quelques années ! Il a seulement recommandé de sévir contre les individus qui violeraient la loi ; il n’y a pas de mal à cela ! Tant qu’il n’y aura que des démarches partielles, on ne peut pas s’attendre à autre chose d’un ministre ! Mais qu’une majorité du peuple du pays ou qu’une majorité de la chambre se prononce en faveur de l’annexion, vous verrez, Messieurs que le langage de Lord Grey sera bien différent de celui qu’il a tenu dans sa dépêche ! Vous verrez qu’alors la question sera de suite portée devant le Parlement Impérial ! Vous verrez tous les hommes publics de l’Angleterre et toute la presse anglaise l’accueillir avec respect, suivant l’expression du Times et adopter un point de vue moins rétréci que celui de nos connexionistes ministériels ! Vous verrez Lord John Russell dire au nom du peuple anglais. « Eh bien, puisque le temps est venu,