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Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/71

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ont affirmé et répété que les finances de l’État de New-York étaient beaucoup plus embarrassées que les nôtres ; que les chemins de fer du Massachusetts étaient, pour leurs actionnaires, un fardeau et non une richesse !  !

Enfin ce serait à n’en jamais finir, si je voulais vous retracer une à une toutes les énormités dont ils ont rempli leurs colonnes : aussi m’en abstiendrai-je car ce serait pour moi une tâche trop onéreuse en même temps que pour votre patience une épreuve un peu trop rude.

Je vais donc passer de suite à l’examen de la condition politique et industrielle des États-Unis dans quelques uns de ses détails, et vous présenter les résultats généraux de l’industrie merveilleuse du peuple Américain.

Je ne m’étendrai guère sur la condition politique des États-Unis, car elle vous est généralement connue.

Vous savez tous que leurs institutions sont les plus parfaites qui soient au monde, car elles ont pour base unique le système électif dans toute sa vérité, dans toute sa plénitude.

Les États-Unis sont le seul pays dû monde qui puisse être appelé une démocratie pure ; car les institutions, les lois, les mœurs, les idées communes, les faits généraux, tout en un mot y est sérieusement, pleinement démocratique.

Le peuple Américain peut se dire véritablement souverain.

Tous les pouvoirs émanent directement de lui et il les tient pour ainsi dire sous sa main. Ils ne peuvent agir que dans son intérêt et d’après son opinion. On ne voit point, dans les institutions Américaines, de ces fictions que l’on rencontre dans les pays de monarchie constitutionnelle, et qui, sous le coup de l’analyse, deviennent de palpables absurdités. Là, point de contradiction entre la théorie et la pratique. La nation ne reconnaît pas la suzeraineté naturelle de telle ou telle famille ; le droit de tel ou tel homme à être son chef. Elle ne se prosterne pas devant une idole qu’elle même a élevée et qu’elle peut renverser à volonté.

« On a vu les Anglais, après avoir tranché la tête à Charles i et chassé Jacques ii, se mettre encore à genoux pour parler à leurs successeurs !  ! »[1] Aux États-Unis on a cessé de croire que le plus haut fonctionnaire de l’état fût néces-

  1. De Tocqueville.