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Page:Destrée - Le Secret de Frédéric Marcinel, 1901.pdf/48

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étayer des thèses contradictoires, et des diagrammes ingénieux dans lesquels il ne put admirer que la patience de leurs auteurs. Néanmoins, quelques faits émergeaient et l’on pouvait tenir pour certaines les propositions suivantes : la criminalité augmentait ; — l’emprisonnement paraissait d’une efficacité contestable ; — la récidive s’affirmait inquiétante, — elle était manifeste surtout pour les condamnés de 16 à 21 ans.

Ces constatations n’apportèrent point la paix intérieure au magistrat. Quand il se fut bien convaincu de l’insuffisance, sinon de la totale banqueroute, des systèmes actuels de répression, il s’éprit d’idées réformatrices. Il admira l’ampleur de vues avec laquelle un ministre belge, M. Jules Le Jeune, avait envisagé les trois aspects fondamentaux de la question : adoucissement vis-à-vis des amendables, aggravation vis-à-vis des incorrigibles, protection de l’enfance abandonnée ou coupable. Certes, c’était bien là le triple problème et il déplorait que la myopie des politiciens n’eût point permis au ministre de le résoudre.

… Un jour, les trois juges délibéraient en chambre du Conseil. J’entends qu’Adonis toussotait, l’air hébété, dans un fauteuil et que Louvrier et Jacquard discutaient au sujet d’un prévenu, contre lequel la plus grave présomption était ses fâcheux antécédents.

Le Président était assis, face à la fenêtre. Le jour, qui éclairait fortement sa figure, en dessinait les lignes austères, les nombreuses rides dans le visage glabre, accentuait la blancheur des cheveux aussi blancs que le ruban d’argent de sa toque, lui donnait du prestige et de la dureté. Jacquard, debout, allant et venant, l’observait avec intérêt. Son regard