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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/120

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de l’être qui en est la cause. Voyons actuellement celle par laquelle ces idées particulières, et propres à un individu seulement, deviennent générales et communes à plusieurs. Revenons à l’exemple de la pêche.

Après vous être formé l’idée de cette première pêche, vous voyez d’autres êtres qui ont à peu près les mêmes qualités qu’elle, qui ont avec elle beaucoup de caractères communs, mais qui en diffèrent cependant à bien des égards, car il n’y a pas deux êtres absolument semblables dans la nature. Toutes les pêches n’ont pas exactement les mêmes couleurs, la même figure, la même grosseur, le même degré de maturité ; elles diffèrent au moins par le lieu, par le temps où vous les voyez. Vous négligez ces différences, vous les écartez, ou, comme on dit, vous en faites abstraction ; vous ne considérez ces dernières pêches que par ce qu’elles ont de commun avec la première que vous avez observée ; vous prononcez que ce sont encore des pêches : et voilà que l’idée de pêche est devenue générale, et n’est plus composée que des caractères qui conviennent absolument à toutes les pêches. Cette