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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/134

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d’un tel être, d’un tel rapport, et d’un tel effet ou d’une telle qualité. Voyons comment ces idées et ces noms vont se généraliser.

Après avoir vu cette fraise, j’en vois d’autres ; je les examine : elles lui ressemblent par des qualités constantes, communes à toutes ; elles en diffèrent par des circonstances variables. Je retranche ces circonstances variables et de l’idée de la première fraise et de celles des fraises que je vois ensuite ; je réunis les qualités constantes, et voilà que l’idée et le nom de fraise sont devenus communs à bien des êtres, et sont généralisés autant qu’ils peuvent l’être.

Par la même raison, les mots belle, bonne, utile, rouge ; plaisir, bien, service, le rouge ; beauté, bonté, utilité, rougeur, n’expriment plus les rapports de cette première fraise avec moi, leurs produits et leurs causes, mais les rapports, les effets et les qualités des fraises en général : ils sont déjà généralisés aussi, mais pas à beaucoup près autant qu’ils peuvent l’être ; car dans la suite je les étendrai à bien d’autres êtres, les uns plus, les autres moins, d’après mes observations.