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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/151

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nous a raconté les circonstances de leur création ; mais que nous n’avons pas d’autre moyen de le savoir, et qu’il est absolument impossible qu’aucune de nos facultés intellectuelles nous en procure une connaissance directe ; il a même ajouté que ces corps n’existent que dans la pensée de Dieu, ce qui est bien toujours n’exister que dans une pensée. Et Berkeley, autre excellent esprit, a soutenu que le récit de Moïse bien entendu ne prouve pas l’existence des corps, et qu’ils n’existent réellement pas.

Sans exagérer le nombre des sectateurs de cette singulière opinion, je pourrais peut-être ranger encore parmi ceux qui ont nié l’existence des corps, ou qui en ont douté, tous les partisans des idées innées, quand même ils n’auraient pas tiré expressément cette conséquence de leur système ; car quand on pense (et c’était l’opinion générale avant Locke) que toutes nos idées existent en nous au moment de notre naissance, et que quand nous les recevons ou les composons nous ne faisons que nous en ressouvenir, il ne paraît ni nécessaire, ni même naturel de supposer que ces impres-