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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/155

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apprennent nécessairement l’existence des corps et leur étendue. Elles sont déjà, suivant moi, une réfutation suffisante.

On leur a dit, premièrement, les corps ne frappent pas l’œil plus immédiatement que le nez et l’oreille ; les rayons lumineux nous arrivent au travers de l’air comme les ondulations sonores et les particules odorantes ; toute la différence, c’est que ceux-là ne nous arrivent qu’en ligne droite, tandis que celles-ci nous parviennent par toutes sortes de chemins. Or, ces particules odorantes, ces ondulations sonores partent, comme les rayons lumineux, de différens points des corps ; elles frappent différens points de l’oreille et du nez, comme ceux-ci différens points de l’œil : cependant, vous convenez que ces émanations odorantes et sonores ne sont pas capables de nous faire juger qu’il y a des corps, et des corps étendus. Il ne paraît pas vraisemblable que la particularité de venir à nous en ligne droite donne cette propriété aux rayons lumineux.

Secondement, on a ajouté, et ceci est péremptoire, quand on vous passerait ce premier point, vous n’en seriez pas plus avancé ;