Aller au contenu

Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

déplacement des parties de notre corps, puisque, dans l’hypothèse, ce sentiment n’a pas lieu, et que nous nous mouvons sans rien éprouver, sans être avertis de rien, sans avoir la conscience de rien. Étant ainsi organisé, l’impression que je recevrais d’un corps résistant ne pourrait donc consister que dans une sensation de chaud, ou de froid, ou de mouillé, ou dans toute autre sensation uniquement relative au tact pur et passif. Elle serait une impression aussi simple et aussi peu instructive que toutes les autres. Je n’en pourrais encore rien conclure.

À la vérité, si vous ajoutez à cette faculté de nous mouvoir, la circonstance que chaque mouvement de nos membres produise en nous une sensation interne, vous verrez naître un nouvel ordre de choses : car dès que je sens quelque chose quand mes membres se meuvent, dès que j’éprouve une certaine manière d’être pendant qu’ils se meuvent, je suis nécessairement averti quand cette manière d’être commence et quand elle cesse. Rentrons donc dans l’hypothèse réelle, et examinons soigneusement les effets qui en résultent.