Aller au contenu

Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autre être. Mais quand j’aurai fréquemment éprouvé que très-souvent cette sensation se prolonge autant que je le veux, et que dans d’autres cas elle cesse subitement en tout ou en partie malgré moi, il est impossible que plutôt ou plus tard je ne vienne pas à soupçonner que ce dernier effet a une cause, et à faire de cette cause un être qui n’est pas moi. Je puis et je dois sans doute me tromper fréquemment, d’abord sur les circonstances adjacentes, et porter ce jugement sans beaucoup de discernement. Par exemple, ne connaissant ni mon corps ni les corps étrangers, ni leur configuration, n’ayant même aucune idée de forme ni d’étendue, je ne dois pas distinguer quand mon mouvement est arrêté uniquement par la limite de l’extension possible à mes muscles et par la disposition de mes articulations qui s’y refusent, ou quand il l’est par l’opposition d’un corps tout-à-fait séparé du mien. Mais dans les deux cas je porte un jugement également juste, en pensant, en sentant que la cessation de ma sensation de mouvement est l’effet d’un être différent de ma volonté.

Ensuite dans tous les cas où cet effet est