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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/168

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vemens sont propres à produire cet effet. Or, qui me l’apprendra d’abord ?

Au contraire, pour la sensation directe qui résulte en nous des mouvemens de nos membres, il n’y a pas lieu à ce ricochet. Toute douleur, toute souffrance, tout malaise seulement, fait naître en nous le desir, le besoin même de nous remuer, de nous agiter. Ce sentiment de mouvement est un soulagement, un vrai bien-être. Nous jouissons tant qu’il dure ; nous pouvons ordinairement le prolonger à volonté. Quand il est suspendu malgré nous, ce n’est pas par nous. C’est donc par quelque chose qui n’est pas nous, et qui tantôt agit sur nous, tantôt n’y agit pas ; et bientôt le mouvement lui-même nous fait connaître ce quelque chose par une multitude d’expériences dont celle-ci est la base. Il n’y a là ni cascade ni embarras.

Les mouvemens vagues des enfans nouveau-nés, bien observés, me paraissent une preuve que les choses se passent ainsi dans leurs têtes. On les voit souvent s’agiter uniquement pour le plaisir de remuer. C’est une satisfaction pour eux, et ils sont très-fâchés quand on les en prive. On les