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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/173

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s’il en existe, ce que nous ne pouvons savoir, ne peut absolument rien connaître que lui-même et ses affections, et ne saurait en aucune manière se douter de l’existence de la matière et des corps ; l’autre, que pour nous à qui on a tant dit sans preuves que si nous étions tout matière nous ne pourrions penser, il est démontré au contraire que, si nous étions totalement immatériels et sans corps, nous ne pourrions pas penser comme nous faisons, et nous ne saurions rien de tout ce que nous savons. Peut-être saurions-nous des choses toutes différentes. Mais qui nous le dira ? et qui osera nous apprendre comment nous serions si nous étions d’une manière que nul de nous n’a pu ni éprouver ni observer, et dont nul de nous ne peut même concevoir la possibilité ; et d’ailleurs de quoi cela nous servirait-il ?

Tels sont, suivant moi, les résultats incontestables de l’examen auquel nous venons de nous livrer. Maintenant il reste à voir s’il ne nous laisse pas encore quelque chose à desirer.

J’avais un double but à atteindre. Je devais faire voir, d’une part, que c’est à tort que l’on attribue à toutes nos sensations propre-