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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/187

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fait éprouver le besoin de nous remuer, de nous agiter, très-indépendamment de toute connaissance de l’effet qui en arrivera, et même malgré la certitude que l’effet sera nuisible. Or, qu’est-ce que ce besoin, si ce n’est un desir ? Il est irréfléchi sans doute, mais il n’en est pas moins un desir, et un desir très-vif. Il n’y a donc pas à craindre que nous ne puissions pas desirer de nous mouvoir avant de savoir ce que c’est que le mouvement ; et il est très-possible que le premier de tous les mouvemens faits par chacun de nous ait été accompagné de volonté.

Mille faits viennent à l’appui de ceux-là. Cette manière d’envisager les objets nous met sur la voie de comprendre comment certaines circonstances de notre organisation, provenant de la différence des tempéramens, des âges, des maladies, ont tant d’influence sur nos jugemens et nos penchans, et de concevoir ce que c’est que les déterminations instinctives[1], qui autrement sembleraient renverser toutes les

  1. Ce sont des sensations qui renferment jugement et desir.