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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/250

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proposerais de passer à l’étude de l’expression de nos idées.

Mais vous avez pu remarquer que dans l’établissement de ma théorie idéologique, je ne me suis occupé que des faits sur lesquels elle est fondée, sans m’embarrasser des systèmes des auteurs qui ont écrit sur ces matières, et sans me mettre en peine d’en discuter presque aucuns. Or, avant d’aller plus loin, il est bon que vous ayez une idée des opinions les plus accréditées : pour cela il suffira que nous examinions celle de Condillac, parce qu’elle est le fond commun de toutes les autres, qui n’en sont guère que des variantes.

Vous saurez donc que ce philosophe justement célèbre, que l’on peut regarder comme le fondateur de la science que nous étudions, et qui jusqu’à présent en tient le sceptre[1], a jugé à propos, d’après Locke,

  1. Avant Condillac, nous n’avions guère, sur les opérations de l’esprit humain, que des observations éparses plus ou moins fautives : le premier il les a réunies et en a fait un corps de doctrine ; ainsi ce n’est que depuis lui que l’idéologie est vraiment une science. Il l’aurait encore bien plus avancée, si, au lieu de disséminer ses principes dans plusieurs ouvrages, il les