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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/261

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dire, non-seulement comme Locke, que toutes nos idées viennent des sens, mais encore qu’elles ne sont que des sensations de différentes espèces. Cependant cela n’est pas complètement net, et souvent les explications subséquentes obscurcissent encore ces traits de lumière. J’aurais donc mieux aimé qu’il dît : Sentir est un phénomène de notre organisation, quelle qu’en soit la cause ; et penser n’est rien que sentir. Ce que nous appelons la faculté de penser, la pensée, n’est autre chose que la faculté de sentir, la sensibilité prise dans le sens le plus étendu. Toutes nos idées, toutes nos perceptions sont des choses que nous sentons, c’est-à-dire des sensations, auxquelles nous donnons différens noms, suivant leurs différens effets et leurs différens caractères.

Alors, au lieu d’expliquer péniblement comment la sensation devient mémoire, jugement, volonté, et mille autres choses, il aurait dit tout simplement, comme nous, que notre faculté de sentir ou penser consiste à sentir des sensations proprement dites, des souvenirs, des rapports, des de-