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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/298

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à un mouvement qu’il n’a pas encore exécuté.

Mais nul de nos mouvemens internes n’est isolé ; ils se tiennent et s’enchaînent, comme tous les mouvemens de la nature, par une multitude de rapports et de combinaisons ; et plus ils se répètent, plus ils mettent en jeu tous les mouvemens adjacens, et les rendent faciles, quoique moins sensibles. Ainsi plus un souvenir se renouvelle, plus il réveille aisément tous les souvenirs collatéraux, quoiqu’ils deviennent moins frappans. C’est ainsi que s’établit cette liaison des idées, phénomène idéologique si important, dont l’observation a été si justement vantée, puisqu’elle jette le plus grand jour sur nos opérations intellectuelles, et qui n’est lui-même que la liaison mécanique ou chimique des mouvemens organiques qui produisent nos idées.

Ce que nous avons dit des sensations et des souvenirs s’applique complètement et parfaitement à nos jugemens, non-seulement parce que l’on ne peut juger que ce que l’on sent, et que tout ce qui arrive aux matériaux, aux sujets de nos jugemens, influe nécessairement sur eux, mais encore