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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/302

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pour ensuite forcer les faits à s’y accommoder ; et moins ces lois sont multipliées, et plus les faits qu’elles expliquent, c’est-à-dire qui ne les contredisent pas, sont nombreux, plus on est près du but ; car la perfection de la science serait de voir tous les faits possibles naître d’une seule cause.

Je crois donc que c’est une loi générale de tous nos mouvemens, que plus ils sont répétés, plus ils deviennent faciles et rapides ; et que plus ils sont faciles et rapides, moins ils sont perceptibles, c’est-à-dire plus la perception qu’ils nous causent diminue, jusqu’au point même de s’anéantir, quoique le mouvement ait toujours lieu. Je crois en outre que cette seule observation, en ayant égard à la manière particulière dont elle s’applique à chacune de nos facultés, suffit pour nous rendre raison de tous les effets de la fréquente répétition de nos perceptions. Nous venons déjà de l’appliquer avec succès à nos perceptions élémentaires ; essayons actuellement de la rapprocher de perceptions qui soient plus composées, et par conséquent d’habitudes qui seront plus compliquées : ce vous sera une nouvelle occasion de re-