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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/309

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plus pure ? ou comme on dit, qu’il obéit tantôt aux appétits de la chair, tantôt aux lumières de l’esprit ? Vous sentez le vide et le néant de toutes ces prétendues explications, qui ne consistent qu’à redire d’une manière inintelligible la chose observée. Nous irons donc plus droit au fait ; nous remarquerons que pendant que cet homme porte avec réflexion quelques jugemens sensés qu’il perçoit nettement, précisément parce qu’il les porte avec peine, il en porte en même temps un grand nombre d’autres dont il s’aperçoit à peine, justement parce qu’ils lui sont extrêmement familiers, et qui, par cette raison-là même, réveillant une foule d’autres impressions, l’entraînent en sens contraire.

C’est ce qui faisait dire à une femme de beaucoup d’esprit : La raison éclaire et ne conduit pas : ajoutez, quand les décisions contraires aux siennes sont devenues habituelles. Avec cette addition, cette maxime qui n’est que trop souvent vraie, mais qui paraît épigrammatique et paradoxale, se trouve expliquée ; et elle nous apprend combien il est important de rendre habituels les jugemens justes. C’est là l’édu-