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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/313

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de voir, il faut consentir à admettre qu’il se passe en nous continuellement un nombre prodigieux de mouvemens, et qu’à chaque instant il s’y exécute presque simultanément une quantité incroyable d’opérations intellectuelles, dont nous n’avons pas même la conscience. Cette supposition effraie l’imagination : cependant, jeunes gens, il faut y accoutumer votre raison, puisque les faits prouvent que c’est la vérité. En effet, vous ne pouvez pas douter de la célérité et de la complication vraiment merveilleuse de tous les mouvemens qui servent à l’entretien de votre vie, et de tous ceux que vous faites lorsque vous vous livrez à certains exercices.

Réfléchissez à ce qui se passe en vous quand vous lisez un livre ; il n’est pas douteux que quand vous avez appris à lire, il a fallu que vous ayez une connaissance distincte et sentie de la figure de chaque lettre, du son qui la représente isolément, de la manière de la lier et de la fondre avec les autres pour former les syllabes et les mots ; quand vous avez appris la langue dans laquelle est écrit ce livre, il a fallu de même que vous sentiez fortement et péniblement