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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/350

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ce nom ; ils l’expriment comme ce mot lui-même. De même, quoique l’algèbre emploie des caractères alphabétiques, ils ne sont pas là comme lettres, mais comme signes ; a ne représente pas le son a, mais l’idée d’une quantité connue dont on ne spécifie pas la valeur ; x ne représente pas le son x, mais l’idée d’une quantité inconnue ; et ax ne représente pas le son ax, mais l’idée de ces deux quantités multipliées l’une par l’autre, etc. Les chiffres et les caractères algébriques sont donc de vrais signes directs des idées, et l’arithmétique et l’algèbre forment une vraie langue ou portion de langue qui s’adresse à la vue. Quand on la prononce, il est vrai qu’elle s’adresse à l’ouïe ; mais cet effet ne s’opère que par une véritable traduction et non par une simple lecture ; aussi ne suffit-il pas de savoir épeler pour lire une équation algébrique, car les sons des mots dont on est obligé de se servir ne sont point indiqués par la plupart des caractères, et ce n’est que par hasard qu’ils le sont par quelques-uns. L’algèbre ne serait pas moins de l’algèbre si, au lieu des lettres alphabétiques, on employait des figures de convention auxquelles on serait obligé de donner