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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/376

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séquent, les langues sont de vraies instrumens d’analyse, et l’algèbre n’est qu’une langue qui dirige l’esprit avec plus de sûreté que les autres, parce qu’elle n’exprime que des rapports plus précis et qu’un seul genre de rapports. Les règles grammaticales font juste le même effet que les règles du calcul ; dans les deux cas, ce ne sont que des signes que nous combinons ; et, sans nous en apercevoir, nous sommes conduits par les mots comme par les caractères algébriques[1]. Tout ceci était bon à éclaircir, et je crois qu’il n’y reste plus d’obscurité.

Tel est donc l’effet général et principal

  1. Il y a pourtant, entre la langue algébrique et les autres langues, une différence singulière dont il faut saisir la cause avec précision, parce qu’elle met bien à découvert l’artifice des raisonnemens ordinaires et de ceux appelés spécialement calculs, et qui n’en sont pas moins des raisonnemens comme les autres.

    La langue algébrique ne s’applique qu’à des idées de quantité, c’est-à-dire à des idées d’une seule espèce, qui ont entr’elles des rapports très-fixes et très-précis ; ils sont toujours composés de l’unité ou de ses multiples ; et elle ne sert à combiner ces idées si distinctes et si immuables, que sous un seul rapport, celui de leur augmentation ou de leur diminution, rapport