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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/383

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composant l’idée de pain et l’idée de bon, pour pouvoir juger si le pain est bon, et qu’ainsi ces mots ne devraient m’être d’au-

    calcul qui soit analogue aux prétendus principes logiques.

    La langue algébrique, répétons-le, est une langue comme une autre. Ses caractères sont les élémens du discours. Les règles du calcul sont les lois de sa syntaxe, qui enseignent quel usage on doit faire de ces élémens, et quelles modifications on doit leur faire subir pour marquer les liaisons qu’on a établies entr’eux et les opérations intellectuelles qu’on a exécutées par leur moyen. C’est-là tout ce qui existe dans toute langue, et l’acte du raisonnement est le même dans toutes. Les formes syllogistiques sont une espèce de superfétation dont on aurait pu embarrasser les calculs tout comme les autres raisonnemens, si, dans ce cas, leur inutilité n’avait pas été plus manifeste que dans les autres. C’est un surcroît de précaution que l’on a cru propre à guider nos jugemens et à en augmenter la sûreté, mais qui réellement ne fait que les gêner et cacher les causes de leur justesse ou de leur fausseté.

    Le vrai est que, dans tous nos raisonnemens quelconques, il ne s’agit jamais que d’idées revêtues de signes ; ainsi il ne peut pas y avoir d’autres principes de logique que la connaissance de ces idées et de leurs signes, c’est-à-dire l’idéologie et la grammaire, ou, si l’on veut, la connaissance de la valeur de ces signes isolés et celle du mode de leur liaison, c’est-à-dire