Aller au contenu

Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/387

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ceux où il nous est le plus difficile d’éviter l’obscurité et la confusion ; c’est ce qui fait encore que le moindre bruit, la moindre douleur ou le moindre plaisir actuel, nous distraient souvent de la méditation la plus profonde, et nous font perdre de vue le souvenir qui nous occupe le plus. En général, tout prouve que la sensation a une tout autre énergie que le souvenir et le jugement, lesquels sont, par leur nature, des perceptions légères et transitoires. Maintenant si nous nous rappelons que toutes nos idées sont extrêmement composées ; que par conséquent toutes sont des assemblages d’une foule de souvenirs et de jugemens ; que même, si l’on en excepte les sensations simples, dont il n’est pas question en ce moment, elles ne sont toutes, à proprement parler, que des souvenirs d’impressions reçues et de combinaisons opérées, nous en conclurons qu’elles sont toutes essentiellement fugitives ; que, par leur nature même, elles doivent ne faire que paraître et disparaître, et que le véritable changement qu’y apporte le geste ou le mot, en un mot le signe quelconque qui nous les représente, en frappant nos sens, est de les associer à