Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/392

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circonstanciés, et nous les rendons capables d’exprimer d’une manière distincte des idées très-peu différentes les unes des autres, et qui ne sont séparées que par des nuances très-fines.

Cet effet est dû sans doute à la souplesse des organes d’où émanent les signes, et à la délicatesse de ceux auxquels ils s’adressent, et il est proportionné à ces qualités ; mais il ne se produit que graduellement, et il ne peut avoir lieu qu’autant que nous combinons nos premières perceptions, que nous en formons des idées composées, que nous percevons entr’elles des rapports qui sont eux-mêmes de nouvelles idées, que nous les analysons, les comparons, les modifions, les envisageons sous toutes leurs faces, enfin que nous les soumettons à tous les calculs dont elles sont susceptibles. Or, c’est à cela même que les signes nous aident très-puissamment, en constatant les résultats de chacun de ces calculs ; et nous avons prouvé par des exemples, que sans leurs secours nous serions arrêtés dès les premiers pas : ainsi à mesure que les signes se perfectionnent, et même à chaque nouveau degré de perfection qu’ils acquièrent, ils sont cause