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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/395

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donc devenir signes artificiels et volontaires plus ou moins imparfaits, mais ils ne sont pas signes naturels et nécessaires ; il n’y a de signes naturels de nos idées, que nos actions.

Demander si nous pouvons penser sans signes naturels, c’est donc demander si nous pourrions posséder la faculté de sentir, d’avoir des perceptions, sans celle d’agir et de manifester ces perceptions par des actions. À cela il est impossible de répondre par une expérience directe ; seulement l’on peut dire que la faculté de sentir et celle d’agir étant distinctes, l’on peut concevoir un ordre de choses tel, que les mouvemens internes qui produisent nos perceptions auraient lieu, quoique nous fussions incapables de tout mouvement apparent qui les manifestât, et que dans ce cas nous penserions effectivement, mais que nos connaissances seraient bien bornées. Au reste, cette solution ne jette aucun jour sur l’exercice de notre faculté de penser telle qu’elle est, et ne fournit aucun moyen de déterminer jusqu’où elle irait sans l’usage des signes, dans un homme constitué comme nous le sommes.