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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/70

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Cependant, la colique, la nausée, la faim, la soif, le mal d’estomac, le mal de tête, les étourdissemens, les plaisirs que causent toutes les secrétions naturelles, les douleurs que produisent leurs dérangemens ou leur suppression sont bien aussi des sensations, quoiqu’elles nous viennent de l’intérieur de notre corps ; et, par cette raison, on peut les appeler des sensations internes. Mais à quel sens les rapporterons-nous ? Osera-t-on bien dire qu’un éblouissement appartient au sens de la vue, le mal de cœur au sens du goût, ou le mal de reins au sens du toucher ? non, sans doute. Nous en parlerons donc sans les rapporter à aucun sens, et il n’y aura pas grand mal. Que cela vous prouve seulement l’insuffisance de nos classifications. Toutefois, vous voyez que tout ébranlement d’un de nos nerfs, soit qu’il soit l’effet du mouvement vital, soit qu’il soit produit par une cause étrangère, est l’occasion d’une sensation, et met en jeu notre sensibilité.

C’est pour cela que toutes les fois que nous faisons un mouvement quelconque d’un de nos membres, nous en sommes avertis, nous le sentons. C’est bien là encore