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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/92

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composées que les premières. Mais, à elles toutes, elles ne font encore qu’une seule idée ; car je ne juge pas seulement du sujet qu’il est, qu’il existe, ou qu’il est utile, ou qu’il est utile simplement à l’humanité, mais qu’il est utile à l’humanité tout entière ; ce n’est qu’alors seulement que mon sens est complet, et ce n’est qu’un seul fait que j’affirme en prononçant tant de mots. Ainsi, comme je l’ai annoncé, cette phrase si longue n’exprime qu’un seul jugement.

Dans celle-ci, au contraire, Pierre et Paul existent ; quoiqu’elle soit bien courte, il y a deux jugemens ; car il y a trois termes. Je rapproche l’idée d’exister de celle de Pierre et de celle de Paul, qui sont deux idées distinctes et séparées ; ce n’est qu’une manière abrégée de dire que Pierre existe, et que Paul existe aussi ; ce qui fait deux jugemens tellement distincts que l’un peut être juste et l’autre faux.

Il est si vrai que le nombre des jugemens tient au nombre des termes, c’est-à-dire au nombre des groupes d’idées, et non au nombre des idées composant chaque groupe, que quand je dis, le genre humain existe, je n’exprime qu’un seul jugement, quoiqu’il