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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/94

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peut-être dit aussi, car c’est assez l’usage, que toute proposition est composée nécessairement de trois termes, le sujet, l’attribut, et la copule ou le lien. Si cela était vrai, cela impliquerait contradiction avec le principe que je viens de vous démontrer ; car comment se pourrait-il qu’il n’y eût que deux termes dans un jugement, et qu’il y en eût nécessairement trois dans la proposition, qui n’est que son expression fidèle ? Aussi cela est-il faux, et voici comment on a été induit en erreur.

On a remarqué que, dans toutes les propositions quelconques, le verbe être se trouve ou explicitement comme dans celle-ci, Pierre est grand, ou implicitement comme dans cette autre, Pierre marche, que l’on peut traduire ainsi, Pierre est marchant. Cette observation est juste ; mais les grammairiens, qui ne sont pas toujours idéologistes, sont partis de là pour imaginer qu’il y avait je ne sais quelle propriété occulte dans ce verbe être, et qu’il était une espèce de liaison nécessaire entre le sujet et l’attribut ; ils l’ont appelé lien ou copule, et ils en ont fait un troisième terme de la proposition ; mais le verbe être ne lie rien, et le