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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/97

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mais j’ai dû anticiper un peu ; sans quoi ce que l’on a pu déjà vous dire des principes de la grammaire aurait jeté quelques nuages sur la manière dont je vous ai expliqué les sensations de rapports. Cela doit commencer à vous montrer combien la science de la pensée, et celle de la parole, sont intimement liées, combien elles sont nécessaires l’une à l’autre, et combien il est dangereux de s’occuper de la manière d’exprimer les idées avant d’avoir étudié la manière dont elles se forment en nous : vous en verrez bien d’autres preuves.

De ce qu’il faut avoir à la fois deux idées, et de ce qu’il n’en faut avoir que deux pour sentir une sensation de rapports, nous devons conclure qu’il faut encore que ces deux idées soient présentes à la pensée en même temps d’une manière distincte, et qu’elles ne s’y confondent pas ; car, si elles se confondaient ensemble, elles ne feraient plus à elles deux qu’une seule idée complexe, comme celles que nous venons de voir, qui, réunies, ne forment qu’un sujet ou un attribut. Il n’y aurait donc qu’un terme dans la pensée ; il ne pourrait pas y avoir sensation de rapport. Exemple : Pour que je sente un