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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/183

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néantir, j’ai été le jouet de toutes les circonstances qui humilient et dégradent l’homme. L’ignominie, la misère, le désespoir et la démence, ont collectivement ou séparément assiégé mon existence. »

(En se décrivant la proie du malheur, M. Micawber ajoutait encore à l’emphase de son style celle de son débit : il se consolait évidemment par le bonheur de sa phrase.)

« — Ce fut courbé sous les coups de ces ennemis conjurés, ignominie, misère, désespoir et démence, que j’entrai comme clerc dans cette étude, où figurent deux associés, M. Wickfield et Heep, mais qui n’a réellement qu’un membre actif… Heep, principal ressort de la machine… Heep, qui seul est le grand machinateur et seul le fripon ! »

À ce mot, Uriah, plus livide que pâle, voulut s’élancer sur la lettre comme pour la déchirer ; M. Micawber, avec une dextérité miraculeuse, lui asséna sur les doigts un coup de règle qui l’arrêta tout court : ce coup retentit comme le choc d’un bois contre un autre, et la main retomba comme si elle eût été luxée au poignet.

« — Que l’enfer vous emporte ! » s’écria Uriah dont les nouvelles contorsions expri-