Aller au contenu

Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son bras, « Daniel, mes dernières paroles prononcées dans cette maison sont celles-ci : Je ne dois pas être laissée ici ; ne pensez pas me laisser après vous, Daniel ! oh ! ne le pensez pas, Daniel ! »

M. Peggoty, surpris par cette apostrophe imprévue, semblait sortir d’un rêve ; ses yeux allaient de Mrs Gummidge à moi, et de moi à Mrs Gummidge, tandis que celle-ci lui répétait avec une véritable véhémence :

« — Non, mon cher Daniel, vous ne me laisserez pas ; vous me prendrez avec vous, Daniel, vous me prendrez avec vous et avec Émilie. Je serai votre servante constante et fidèle ; s’il y a des esclaves dans les pays où vous allez, je m’engage à en être une auprès de vous, et je serai heureuse… Ne me laissez donc pas, Daniel ! mon cher et bon Daniel ! 

» — Ma chère amie, » dit enfin M. Peggoty retrouvant la parole, « vous ne savez pas quel long voyage ce sera et quelle vie dure il nous faudra mener. 

» — Oui, je le sais, Daniel, oui, je le devine, » s’écria Mrs Gummidge ; « mais ma dernière parole sous ce toit est que je mourrai si vous ne m’emmenez pas. Je puis manier une bêche,