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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/40

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quoi que j’eusse fait jusque-là, quelque sourd que j’eusse été à la voix de mon propre cœur, je ne soupçonnais pas mon erreur ; tout ce que je savais, c’est que j’étais de bonne foi en répétant à Agnès que j’éprouvais le calme du vrai bonheur auprès d’elle.

Elle eut bientôt arrêté mes larmes, et me fit raconter tout ce qui m’était advenu depuis notre dernière rencontre.

« — Oui, » dis-je en terminant ma confidence, « je ne puis plus m’appuyer que sur vous, Agnès !

» — Mais ce ne doit pas être sur moi, Trotwood, » reprit-elle avec son sourire de sœur, « ce doit être sur une autre.

» — Sur Dora, voulez-vous dire ?

» — Assurément.

» — Quoi donc, Agnès, » répondis-je avec un peu d’embarras, « ne vous ai-je pas avoué que Dora est un peu… En vérité, je cherche une expression difficile à rencontrer ; car je ne voudrais pour rien au monde que mes paroles fussent interprétées contre sa charmante nature… Si, moi, je suis d’une irrésolution désespérante, elle est, elle, d’une timidité qui s’effraie de tout… Il y a quelque temps, avant la mort de son père, j’avais cru à propos de