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Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/85

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» — Supposons que vous ne m’eussiez jamais vue. 

» — Supposons que nous ne fussions jamais nés, » dis-je gaiement.

Mais quoiqu’elle n’oubliât pas son tendre baiser de fiancée, je ne pus, par ces réponses, dissiper je ne sais quelles réflexions rêveuses qui préoccupaient encore Dora quand Agnès s’approcha pour prendre aussi congé d’elle. « Nous nous écrirons, n’est-ce pas, » se dirent-elles. — « Oui, mais… ajouta Dora, vous ne serez pas trop sévère sur le style de mes lettres ? » Agnès se contenta de sourire, et elles s’embrassèrent une seconde fois comme si elles s’étaient aimées depuis l’enfance.

Avec quel transport, depuis Putney jusqu’à Highgate, j’écoutai les louanges de Dora dans la bouche d’Agnès, et quelles louanges ! comme, en faisant ressortir tous les attraits de Dora, sa gentillesse naïve et le charme de son inexpérience de la vie réelle, ces louanges me rappelaient le devoir de confiance que j’avais à remplir envers la pauvre orpheline.

Jamais, non jamais je n’avais aimé Dora aussi profondément et aussi sincèrement que pendant cette soirée. Je le dis à Agnès lorsque mous descendîmes de la voiture pour arriver