Aller au contenu

Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

votre observation, vous exprimer très-humblement mon sentiment : votre bonne nièce donne en tout point de très-grandes espérances.

— Que voulez-vous dire, Lucrèce ? reprit Mme Chick, en se donnant de plus en plus un air imposant. À quelle observation de ma part voulez-vous faire allusion ?

— Que vous espérez qu’elle sera digne de porter son nom, ma bonne amie, dit miss Tox.

— Si, continua Mme Chick avec un air de dignité contenue, je ne me suis pas exprimée clairement, c’est à moi que je dois m’en prendre sans aucun doute. Je pourrais même ne pas m’exprimer du tout, sans l’intimité qui existe entre nous depuis longtemps et que rien au monde, je l’espère, ne viendra briser ; je l’espère fermement, Lucrèce. Et pourquoi pas ? il n’y a pas de raison pour cela ; ce serait absurde ; mais je veux m’expliquer clairement. Je reviens donc sur mon observation. Je vous prie de croire qu’elle ne s’appliquait nullement à Florence.

— En vérité ? repartit miss Tox.

— Non, dit Mme Chick d’un ton bref et ferme.

— Pardonnez-moi, ma chère, reprit son humble amie, mais je n’ai pas compris. Je crois que je deviens stupide. »

Mme Chick promena ses regards autour de la pièce et sur la rue : elle regardait les plantes, l’oiseau, l’arrosoir, tout ce qu’elle avait sous les yeux, excepté miss Tox ; enfin son regard s’abaissant à terre passa sur miss Tox pendant un instant ; puis fronçant le sourcil, elle dit en regardant le tapis :

« Quand je dis, Lucrèce, que j’espère qu’elle sera digne du nom des Dombey, je veux parler de la seconde femme de mon frère Paul. Je crois vous avoir déjà dit en effet, peut-être pas précisément dans les mêmes termes, que son intention est de se remarier. »

Miss Tox quitta son siège précipitamment et retourna à ses plantes, coupant, taillant, rognant dans les tiges, dans les feuilles avec aussi peu de précaution qu’un barbier qui coupe les cheveux d’un pauvre homme.

« Comprendra-t-elle comme elle le doit l’honneur qui lui est fait ? dit Mme Chick à voix basse ; cela est une autre question. J’espère qu’elle le fera. Nous sommes tenus à penser bien de notre prochain en ce monde ; j’espère donc qu’elle répondra à cette distinction. On ne m’a pas consultée. Si l’on m’avait consultée, il n’est pas douteux que mon avis aurait