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Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/159

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distes, les tailleurs, les joailliers, les hommes de loi, les fleuristes, les pâtissiers. Florence était toujours de la partie. Florence devait aller au mariage ; Florence devait quitter le deuil et revêtir ce jour-là une élégante toilette. La couturière (c’était une Française qui ressemblait beaucoup à Mme Skewton) avait tant de goût et d’élégance, que Mme Skewton commanda une robe tout à fait pareille pour elle-même. La couturière lui garantit qu’elle lui irait à merveille et que tout le monde ne manquerait pas de la prendre pour la sœur aînée de Florence.

La semaine s’écoulait toujours très-vite. Edith ne se mêla de rien, ne s’inquiétait de rien. Ses belles robes arrivaient chez elle, étaient essayées, étaient admirées par Mme Skewton et les couturières, et mises de côté sans qu’elle dît un mot. C’était Mme Skewton qui organisait l’ordre et la marche de chaque journée. Quelquefois Edith restait assise dans la voiture, quand elles allaient faire des emplettes ; quelquefois, quand cela était absolument nécessaire, elle descendait dans les boutiques. Mais, quoi qu’il dût arriver, c’était Mme Skewton qui dirigeait tout ; Edith regardait avec aussi peu d’intérêt, ou plutôt avec autant d’indifférence que si cela ne la concernait pas. Florence l’aurait peut-être trouvée trop hautaine et trop insouciante ; mais, comme Edith ne l’avait jamais été pour elle, elle refoulait toujours dans son cœur ses mauvaises impressions pour ne songer qu’à sa reconnaissance.

La semaine, à force de s’écouler rapidement, était bien près de s’envoler pour toujours. La dernière soirée, celle qui précéda le jour du mariage, était déjà arrivée. Mme Skewton, Edith et M. Dombey étaient réunis dans le salon, qui n’était pas mieux éclairé, car la tête de Mme Skewton n’allait toujours pas mieux ; mais elle espérait bien se porter à merveille le lendemain. Edith était toujours près de sa croisée ouverte, à regarder dans la rue ; M. Dombey et Cléopatre parlaient à voix basse sur le sofa. Il se faisait tard, et Florence, qui était fatiguée, alla se coucher.

« Mon cher Dombey, dit Cléopatre, vous me laisserez Florence demain, puisque vous me privez de ma bonne Edith. »

M. Dombey répondit qu’il la lui laisserait avec plaisir.

« L’avoir ici avec moi, pendant que vous serez tous les deux à Paris, et penser qu’à raison de son âge, je puis contribuer à lui former le cœur, dit Cléopatre, ce sera pour moi une grande consolation dans l’abandon où vous allez me laisser. »