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Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/178

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M. Carker bat légèrement sa main gauche de l’extrémité de sa main droite, salue de nouveau, sourit, donne des signes non moins équivoques de son assentiment, comme si l’observation du major l’avait vivement frappé et comme s’il tenait à exprimer tout le plaisir qu’il en éprouve.

Le cousin Feenix continue :

« Enfin c’est une circonstance toute particulière, où nous pouvons, sans inconvenance, nous départir un peu des usages ordinaires de la vie, et quoique je n’aie jamais été orateur, et que, lorsque j’étais à la chambre des communes, pour avoir eu l’honneur d’appuyer le projet d’adresse, j’aie été… enfin… j’aie été alité pendant quinze jours, par la crainte que j’avais de rester au-dessous de la circonstance… »

Le major et M. Carker parurent si charmés de ce détail biographique de la vie du cousin Feenix, que celui-ci se mit à rire : et s’adressant à eux particulièrement, il continua :

« Enfin… malgré ma diable de maladie, je sentis, vous le pensez bien, qu’un devoir sérieux m’incombait. Et quand un devoir sérieux incombe à un Anglais, il doit s’en acquitter, selon moi, de son mieux. Eh bien ! notre famille a eu la satisfaction aujourd’hui de s’allier dans la personne de mon affectionnée cousine, personne accomplie, ici présente… (Applaudissement général.)

« Présente, répète le cousin Feenix, sentant que c’était un mot qui valait la peine d’être répété… a eu, dis-je la satisfaction de s’allier avec un… oui, je puis le dire, avec un homme que le mépris ne pourra jamais… avec, je puis le dire enfin, avec mon honorable ami Dombey, s’il veut bien me permettre de l’appeler ainsi. »

Sur ce, le cousin Feenix salue M. Dombey ; et M. Dombey lui rend majestueusement son salut ; chacun est plus ou moins satisfait et ému de cet appel chaleureux et nouveau à la sensibilité de l’auditoire.

« Je n’ai pas pu, continue le cousin Feenix, trouver, autant que je l’aurais voulu, l’occasion de cultiver la connaissance de mon ami Dombey, et d’étudier ces qualités qui font tant d’honneur à son esprit, et enfin, je puis le dire, à son cœur ; car, malheureusement pour moi, j’étais… comme nous avions coutume de dire dans mon temps à la chambre des communes, à une époque où l’on n’avait pas pris l’habitude de faire allusion à la chambre des lords, et où les procédés parlementaires étaient peut-être mieux observés que maintenant, malheureu-