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Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/193

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la jeune personne. Non pas Mlle Dombey… mais Suzanne… Vous connaissez Suzanne ? »

Le capitaine fit un signe de tête affirmatif, et la grave expression de sa figure sembla indiquer à M. Toots qu’il faisait grand cas de la jeune personne en question.

« Voilà comme cela est arrivé, dit M. Toots, je fais souvent des visites chez Mlle Dombey. Je n’y vais pas tout exprès, vous entendez bien, mais il m’arrive souvent de me trouver dans le quartier ; quand je m’y trouve, alors je fais une petite visite.

— Naturellement, fit le capitaine.

— Eh bien ! dit M. Toots, je suis allé tantôt faire une visite. Et ma parole d’honneur, je ne crois pas qu’il soit possible de se faire une idée de la figure angélique que Mlle Dombey avait tantôt. »

La tête du capitaine sembla répondre qu’il y avait peut-être des personnes pour qui cela n’était pas possible… mais que ce n’était pas lui.

« Au moment où je m’en allais, dit M. Toots, la jeune dame vint me prendre de la façon la plus inattendue et m’emmena dans l’office. »

Le capitaine parut un instant ne pas trouver cette façon d’agir de son goût, et se renversant sur sa chaise, il jeta à M. Toots un regard de défiance, sinon de menace.

« Et là, continua M. Toots, elle m’a montré ce journal : elle me dit qu’elle l’avait caché à mademoiselle toute la journée, parce que, disait-elle, il y avait dedans quelque chose qui intéressait une personne de la connaissance du pauvre Dombey et de sa sœur. Là-dessus elle me lut le passage. Très-bien. Puis elle me dit : … Attendez donc que je me le rappelle ; que diable ! qu’est-ce qu’elle me dit donc ? »

M. Toots, dont l’esprit était complétement absorbé à chercher ce que Suzanne lui avait dit, vint tout en parlant à rencontrer l’œil du capitaine : et l’expression de ce regard était si sombre que le pauvre garçon fut déconcerté et éprouva une peine infinie à reprendre le fil de son discours.

« Ah ! m’y voici, dit M. Toots après un long moment de réflexion : elle me dit qu’elle espérait que la nouvelle était fausse, ajoutant qu’elle ne pouvait guère sortir elle-même sans donner quelque soupçon à Mlle Dombey, et qu’elle me priait d’aller chez M. Solomon Gills, l’opticien, l’oncle de la susdite personne, et de lui demander s’il croyait que la chose fût vraie,